Galilée, le Mécano
Texte original Marco Paolini, Francesco Niccolini, Michela Signori
Texte français Daniela Almansi, Francesco Niccolini, Marco Paolini
Mise en scène Charles Tordjman
Collaboration artistique Gabriella Ossola
Scénographie Vincent Tordjman
Lumières Christian Pinaud
Musique VICNET
Avec Marco Paolini
Production Compagnie Fabbrica (France) / Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse) / Jolefilm (Italie)
Diffusion Scènarts / Rémi Jullien
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Spectacle disponible en tournée, pour info: www.scenarts.fr
2014
Lorsqu'on parle de Galilée, on pense toujours à un vénérable vieillard : c'est probablement une question d'iconographie, mais cela pourrait aussi être dû au fait que, mentalement, le savant n’a jamais pris sa retraite. Au contraire, c'est après ses soixante ans qu’il a fait ses découvertes les plus importantes, mais surtout il est devenu le paladin du doute et du droit à l’erreur. Il a abandonné les certitudes aristotéliques, la beauté harmonieuse et céleste du "pourquoi" et il s’est concentré sur les nécessités du “comment”. Galilée vit quatre cents ans avant nous, à une époque gouvernée par les certitudes et les rigidités de la pensée, mais aujourd’hui, des éléments de notre actualité nous poussent à nous confronter une nouvelle fois avec ce passé.
Nous vivons en un temps où la magie a recommencé à gouverner l’avenir. Peut-être parce que les lois de l’économie ne sont pas des lois mathématiques et qu’elles contiennent des éléments de hasard très importants, toujours est-il que notre monde recherche une consolation dans les astres. Et cela m’étonne que, 400 ans après la consécration de la représentation copernicienne de l’univers, nombreux d’entre nous consultent chaque jour les prévisions de l’horoscope fondées sur la fixité des étoiles de Ptolémée.
Galilée est souvent érigé en symbole de la science libre contre la foi intégriste, mais en réalité, c’est un homme qui, pour survivre, faisait également des horoscopes. Et pourtant, il a eu la force de regarder au-delà.
Marco Paolini
Galilée, le Mécano n’approfondit pas la dialectique traditionnelle entre la foi et la raison, qui a marqué l’histoire des scientifiques et celle du XVIIe siècle, mais il tente d’analyser le dialogue à trois entre foi, raison et superstition, le dialogue entre philosophes, hommes de sciences et une nouvelle catégories : les mécaniciens, devenus indispensable après la découverte de l’Amérique.
L’objectif à travers ce spectacle est d’impliquer le spectateur dans la réflexion et pas seulement dans le récit, de créer une situation où le public ne reste pas tranquillement assis en se contentant de regarder, mais – une fois encore – concourt à la révolution copernicienne.
Les auteurs
Marco Paolini aime les trains. Chez lui, près de Venise il a construit tout un jeu où des wagons suivent des locomotives qui traversent des forêts, des gares bien sûr, et des petites maisons sagement rangées au bord des rails. Marco Paolini fait les plans de ses incroyables circuits à la règle et à la main. Pas d’ordinateur, pas de 3D.
C’est parce que je lui connais cette passion d’enfant qui a su dire très jeune les mots ballast et caténaire que j’ai choisi le titre de notre prochain spectacle Galilée, le mécano. Mais aussi parce que je sais qu’il aime que Galilée soit nommé ainsi; le mécano. Ce qui relie Marco Paolini à Galilée c’est que tous deux sont des mécaniciens. L’un bricole les trains et des circuits pour être au ras de la terre, l’autre bricole un télescope pour tutoyer les étoiles.
Chacun son univers.
L’un, fils de cheminot, est un acteur ouvrant les trappes du monde, l’autre, fils de musicien est un chercheur remettant le monde à l’endroit.
J’ai vu en Italie il y a deux ans le spectacle de Marco Paolini dans un festival à Bassano del Grappa. Je l’ai revu au Piccolo Teatro de Milan deux autres fois et enfin à Padoue devant 2000 personnes. Marco Paolini racontait «son» Galilée. Rien à voir avec celui de Brecht, héros et rebelle, non un Galilée avançant grâce au doute, avançant avec acharnement dans son atelier à trouver le sens du monde. Marco, plutôt très connu chez lui a accepté de refaire son Galilée en français dans une nouvelle mise en scène. Histoire de recommencer à douter, histoire de se redonner du coeur à l’ouvrage. Et du coeur, il n’en manque pas.
Il est drôle Marco, il aime le public. C’est un acteur pédagogue. C’est rare. Comment le théâtre peut-il parler de la science? Comment faire théâtre du conflit entre la théorie copernicienne et le système aristotélicien? Qu’a découvert Galilée? Y a-t-il aujourd’hui nécessité du dialogue avec la science?
Simple, la démarche de Paolini est chaleureuse, néreuse.
Il faut l’entendre. Il faut entendre Galilée aujourd’hui.
Il faut entendre ces deux mécanos…
[…] Et Galilée ? Il se méfie. Il mesure.
A l’église, pendant la messe, Galilée, il se distrait en observant un lustre se balancer au-dessus de sa tête et il comprend l’isochronisme du pendule en l’observant.
Car le pendule, en apparence, confirme les règles d’Aristote. Il fait quoi, le pendule ?
Il oscille, puis il s’arrête le plus près possible de sa position de départ. Sans la chaîne, c’est là qu’il irait. Aristote parle du « mouvement naturel du pendule s’approchant de sa place ». Ce qu’Aristote ne comprend pas, c’est pourquoi le pendule, une fois arrivé à sa place, se dit «allez hop, encore un petit tour… et un autre… » C’est cette incertitude qui trouble Aristote. Alors pour expliquer le mouvement du pendule, il utilise une seule expression : mysterium. Si on te demandait à l’examen :
– Et le pendule ?
– Mysterium !
– C’est bon !
Sous-entendu : si Aristote n’a pas pigé, laisse tomber! Tiens toi au programme et te prends pas la tête !
Et Galilée ? Il se méfie, il prend des mesures.
Et on le mesurait comment, le temps, quand il n’y avait pas de montre ?
Avec la musique ! La musique, c’est mathématique. Tu pouvais mesurer avec deux, trois, quatre temps. La musique est précise, et Galilée mesure l’oscillation du pendule. La petite et la plus grande… elles durent pareil.
La période est la même. Selon la longueur du bras, l’oscillation complète, en avant en arrière, dure pareil. C’est mathématique. Tu peux le vérifier. Il a 19 ans, quand il fait cette observation.
Il aurait inventé un nouvelle physique à 19 ans ? Non. Il ne sait pas pourquoi le pendule bouge comme ça. Mais Galilée, à l’époque, ne se demande pas pourquoi. Il se demande : comment ? Comment il bouge, le pendule ?
Je sais, vous avez raison. Entre la question vulgaire du « comment » de Galilée et la noblesse du « pourquoi » d’Aristote, il n’y a pas de omparaison possible. Ça intéresse qui, le « comment » ? Les mécanos !
Qui ? Les mécanos, les gens qui ont besoin du mode d’emploi! […]
[…] Il y a de la méthode dans la bouffée de folie poétique pétrie par Marco Paolini et transmise sur scène par ce dernier lorsqu’il se revêt soudain d’un masque anatomique en cuir de commedia dell’arte pour entrer de pied ferme, et d’une voix à l’accent padouan, dans les querelles philosophiques et théoriques du « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde » de Galilée. C’est à toute l’humilité d’un artisanat, d’une technique ancienne de la représentation et d’un mystère (étroit) de la langue de Padoue qui marqua la chaire universitaire du scientifique pisan, que l’on se trouve soudain confronté avec le spectacle « ITIS Galileo », écrit par Paolini lui même et Francesco Niccolini, que le protagoniste décline et interprète avec la générosité d’un acteur au service des réfutations révolutionnaires. Et ce en faisant appel avec intuition à un métier populaire, à un transfert théâtral et à un rythme de canevas qui impose l’envoûtement plutôt que la biographie, le brio plutôt que le simple récit […].
Rodolfo Di Giammarco – La Repubblica
[…] son nouveau spectacle « Itis Galileo » offre toutes les garanties de ses meilleurs récits, mais il se dote en plus d’instruments délicieusement « théâtraux », capables de créer un rapport irrésistible et jouissif avec le public. Le comédien garde intacte – grandie même peut-être par l’expérience – sa capacité d’impliquer les spectateurs dans les moments cruciaux de notre vie civile : ses récits, à partir du mythique « Vajont » (mais aussi le spectacle sur Ustica, sur la ville de Marghera ou sur Margaret Thatcher) ont créé un véritable genre, capable de mobiliser un public énorme et hétérogène, comme le confirme le succès de chacune de ses apparitions à la télévision […] Paolini connaît le goût et la sensibilité qui dominent aujourd’hui et il raconte Galilée avec tout son génie mais aussi avec ses faiblesses, jusqu’au moment où il se plie, vieillard et presqu’aveugle, à l’arrogance meurtrière de l’Inquisition, qui avait réduit en cendres quelques années plus tôt Giordano Bruno sur la place de Campo de’ Fiori. […]
Gianfranco Capitta – Il Manifesto
[…] « Comment est la nuit ? » demande le Galilée de Bertolt Brecht. « Claire » lui répond sa fille Virginie. Et le scientifique se replonge dans ses documents secrets, à la lueur de la lune. Aujourd’hui, alors que les nuits sont rarement claires, et que la science ne fait plus l’objet de censure mais est sujette au marché, s’occuper de Galilée a un sens. Cela a un sens de le raconter aux plus jeunes, à la génération numérique à laquelle il suffit de quelques rumeurs sur l’Internet pour croire qu’il s’agit de vérités. Il faut donc quelqu’un qui continue de leur expliquer que ce n’est qu’à travers l’expérience directe, en regardant soi-même dans les jumelles, en «essayant et réessayant », que l’on accède à quelque chose qui ressemble à une loi scientifique ou à une vérité. Une vérité par ailleurs elle-même plutôt relative […] Après que les comiques se sont mis à jouer les politiques, c’est maintenant aux comédiens de se mettre à enseigner. Et c’est ce que fait Marco Paolini. Il a commencé par faire goûter son spectacle aux lycéens et à leurs professeurs, pour le mettre au point et en faire, à partir de janvier dernier, le plus récent chapitre du regard, jamais banal, qu’il jette sur les faits du monde, passé et présent. […]
Roberto Canziani – Il Piccolo
[…] Bravo à Marco Paolini pour ce spectacle construit avec intelligence, bien rythmé, qui mêle le récit aux explications, alternant les questions qu’il se pose à lui-même avec celles qu’il pose au public, en mettant en jeu son ironie particulière, avec des moments de suspension, des accélérations soudaines, des formes interrogatives, des répliques inattendues et, de temps en temps – toujours avec équilibre et à bon escient – quelques références à l’actualité. […] Un spectacle riche en réflexions et salué à la fin avec un enthousiasme débordant. […]
Valeria Ottolenghi – La Gazzetta di Parma
[…] Et puis Paolini, qui cette fois, dans un certain sens, s’est dépassé lui-même : non seulement un grand narrateur au langage envoûtant (un italien revivifié par le vénitien) et au rythme parfait, doté de la capacité de captiver le public même à travers quelques répliques comiques, mais un comédien tous azimuts qui, coiffé d’un méchant chapeau noir et d’un tablier en cuir d’apprenti, interprète tous les personnages qui entrent en scène, devenant chacun d’entre eux sans jamais se départir d’une histoire qui est, bien sûr, un récit, mais qui s’éclaire d’innombrables figures. Et peu importe si ces figures nous semblent à première vue petites : c’est le poids qu’elles revêtent dans le récit (où rien n’est superflu ou mis là par hasard, juste pour le plaisir d’une allusion facile à un politique contemporain), ainsi que leur signification même symbolique, qui justifient dans l’interprétation de Paolini l’importance qui leur est accordée. Une écriture dramaturgique qui restitue l’humanité de Galilée et la valeur de sa science en donnant enfin un corps et une voix à un sentiment largement répandu à son époque, lasse des fermetures dogmatiques du pouvoir religieux et intellectuel. […]
Mario Brandolin – Il Messaggero Veneto
[…] Voici encore une leçon « d’engagement civil », de celles auxquelles Paolini nous a habitués depuis le temps de Vajont, où la scène rigoureusement nue devient bien vite le lieu d’analyse d’un phénomène qui est creusé, passé au crible et enfin livré à la réflexion du public. […] Paolini parcourt ici tout le trajet existentiel de Galilée, en partant du célèbre Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, d’où une pluie de répliques sagaces : « mais pourquoi, après la révolution copernicienne, chaque matin on ouvre le journal et on continue de lire l’horoscope fondé sur les étoiles fixes de Ptolémée ? ». […]
Emilia Costantini – Il Corriere della Sera
[…] Le récit est peuplé de personnages ayant marqué l’histoire, tels qu’Aristote et Platon, Ptolémée et Copernic, Brahe et Kepler, Giordano Bruno et Shakespeare, auquel l’acteur rend hommage en récitant des vers d’Hamlet en dialecte vénitien. C’est là l’un des plus beaux moments du spectacle, qui juste après nous offre une autre merveilleuse perle : l’hommage à la commedia dell’arte à travers un « duel » entre philosophes qui ne font que se « tabasser philosophiquement ». Entre temps, le voyage continue et le public pénètre dans les méandres de la science et de la physique, de la littérature et de la magie, de l’art et des mathématiques.[…]
Francesca De Sanctis – L'Unità
[…] À mi-chemin entre histoire et actualisation, l’acteur, auteur et metteur en scène – avec Francesco Niccolini – nous fait un véritable cours d’histoire et de philosophie (car, rappelle-t-il, Galilée était un philosophe et non un mathématicien comme Kepler), rafraîchissant la mémoire de ceux qui ont terminé l’école il y a quelques années et parvenant à passionner même le public le moins averti. […] Mais Paolini n’est pas un enseignant (dommage), c’est un homme de théâtre et son récit devient donc autre chose.
L’histoire d’une époque, le XVIIe siècle, marquée par de grandes découvertes scientifiques, mais aussi par l’Inquisition et la scission protestante. Giordano Bruno vient de mourir sur le bûcher et pourtant le savoir ne s’arrête pas, il continue d’avancer, comme il le dira à la fin du spectacle, par une accumulation d’erreurs et non à travers des vérités acquises. […] Mais le XVIIe est aussi la période de Shakespeare, et là Paolini se lance dans un superbe moment de théâtre : Hamlet en dialecte de Vicence du XIXe siècle. Quel rapport entre le barde et Galilée ? Il y en a un. Car les étoiles reviennent de manière récurrente dans les pièces de Shakespeare. Ils se connaissaient ? Paolini l’exclut, mais le dramaturge connaissait Tycho Brahe qui observait le ciel à l’oeil nu […] des filons différents qui qu’entremêlent. Un spectacle qui fait l’éloge du doute, mais surtout de l’intelligence et qui stimule avant tout l’intelligence de celui qui est venu le voir. […]
Laura Landolfi – Il Riformista
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